jeudi 28 avril 2016

Entrée du personnel


A l'heure où le sous-gauchisme des gourous du fakir fétichisent les emplois industriels nationaux en masquant l'horreur du travail aliéné capitaliste voici l'antidote à ce spectacle écoeurant du chauvinisme industriel. Si le film merdique Merci patron ! cache sous sa contemplation citoyenniste le fétichisme du travail industriel ceux qui subissent ce travail savent : au-delà de la survie immédiate face au chômage la pourriture à éliminer ce n'est pas seulement ce monde de la marchandise qui met en concurrence les travailleurs les uns contre les autres, mais c'est également ce pourquoi et comment on produit dans les entreprises. Car la première étape d'une émancipation sociale radicale est bien là : il faudra d'abord abolir les entreprises, n'en laisser subsister aucune. Corps mis au rebut ou corps mutilés/meurtris, faut-il faire du choix pragmatique une fin en soi ? Là où se matérialise la violence intrinsèque du capitalisme sur les corps des ouvrièr-e-s le syndicalisme sénile répond : "amélioration des conditions de travail". Mais nous on sait bien que si on améliore l'arme de notre bourreau, sans comprendre la cadence qui détermine ses actes, on en crèvera tout autant.
L'abattoir est loin de tout, tout au bout de la zone industrielle.Au début, on pense qu'on ne va pas rester.
Mais on change seulement de poste, de service.
On veut une vie normale.
Une maison a été achetée, des enfants sont nés.
On s'obstine, on s'arc-boute.
On a mal le jour, on a mal la nuit, on a mal tout le temps.
On tient quand même, jusqu'au jour où l'on ne tient plus.
C'est les articulations qui lâchent. Les nerfs qui lâchent.
Alors l'usine vous licencie.
A moins qu'entre temps on ne soit passé chef, et que l'on impose maintenant aux autres ce que l'on ne supportait plus soi-même. Mais on peut aussi choisir de refuser cela.


Entrée du personnel a été réalisé à partir de récits de vie de salariés et de scènes tournées dans de grands abattoirs industriels, sous la surveillance des patrons.