Loin des discours néoracistes coupés de la réalité (d'A. Soral à E. Zémmour) c'est la détresse d'une partie de la classe ouvrière internationale qui doit sa survie aux flux migratoires. La démagogie xénophobe pratiquée par les gouvernements relayant les discours paranoïaques sur une prétendue "invasion de toute la misère du monde" conduit à une politique de division de la classe ouvrière en période de crise. Briser l'unité ouvrière c'est déjà contribuer à sa défaite pour les capitalistes et ses alliés fascistes, crétins utiles d'un système d'exploitation à l'agonie.
Une régularisation ou une expulsion ?
Depuis ce lundi 21 octobre, 35 salariés de l’entreprise AT France de
Bondoufle ont choisi de faire grève. Leur but, obtenir rapidement une
régularisation de leur situation sous peine de devoir quitter le
territoire.
Cela fait déjà deux jours que des salariés de l’entreprise de
transport logistique basée à Bondoufle, AT France, ont planté le piquet
de grève. Depuis le lundi 21 octobre, 35 ouvriers dont la situation est
irrégulière ont choisi de stopper le travail afin que leur situation
soit reconnue et régularisée au plus vite. Comment en est-on arrivé là ?
Pour comprendre la genèse de cette affaire, il faut retourner en
décembre 2011. À cette époque, l’entreprise AT France qui est une
filiale française du groupe italien détenu par l’homme d’affaires
Antonio Ferrari, s’est vue octroyer 35 salariés venus d’Italie. Ces
ouvriers d’origine égyptienne et marocaine, par ailleurs tous titulaires
d’une carte d’identité italienne, ont traversé la frontière pour
trouver un emploi dans le dépôt de Bondoufle. Seulement, ces derniers
n’ont signé aucun contrat de travail à leur arrivée. Ils ont ainsi
continué à travailler presque illégalement durant plus de 18 mois. « On pourrait presque parler de salariés clandestins »,
explique Jean-Louis Betoux, secrétaire de l’union locale de la CGT à
Évry. Voyant que l’entreprise ne faisait rien pour régulariser leur
situation, quelques salariés ont choisi de régler cela eux-mêmes en se
présentant à la préfecture d’Évry. Or, c’est l’effet inverse qui s’est
produit. La préfecture a rejeté leur demande « au motif que cette entreprise ne respecte pas le Code du travail »,
précise Jean-Louis Betoux. Dans l’impossibilité de normaliser au plus
vite cette situation, la société italienne a donné un mois aux salariés
pour régulariser leur condition sous peine qu’ils soient renvoyés en
Italie. Et c’est afin de se faire entendre que ces derniers se sont mis
en grève ce lundi 21 octobre.
« De mauvaises conditions de travail »
Hormis le fait d’obtenir des régularisations de leur situation, les
employés italiens souhaitent également, si la préfecture leur accorde le
droit de rester en France, de meilleures conditions de travail. Ils
militent pour acquérir leurs droits. Sans contrat, ils ne bénéficient
pas de protection sociale. « L’un d’entre eux s’est vu obligé de
dépenser 350€ pour un arrachage de dents, sans aucun remboursement de la
sécurité sociale puisque salarié non déclaré », s’insurge
Jean-Louis Betoux. En plus d’assumer eux-mêmes leurs frais médicaux,
leur paye est encore amputée de quelques centaines d’euros pour la
question de leur logement. « Nous sommes tous logés dans un petit hôtel de Saint-Michel-sur-Orge, explique cet employé. Pour cela, on nous retire de notre paye entre 300 à 400€, alors que nous vivons les uns sur les autres ! ». L’entreprise les loge, mais elle les transporte aussi de leur habitat jusqu’à leur lieu de travail. « Pour cela, nous déboursons 100€ de plus par mois et par personne », déplore cet homme. L’entreprise italienne opère ainsi une véritable politique « d’exploitation de ces hommes, assure le représentant syndical. En
plus de cela, ils travaillent 7j/7 et de nuit et il n’y a aucune
majoration sur leur salaire vu que les horaires de week-end et de nuit
sont rémunérés au même tarif que celui de jour ».
Un avenir encore incertain
Le temps presse donc pour ces salariés qui n’ont déjà plus que trois
semaines pour régler leur situation. D’autant plus qu’ils désirent
rester en France « parce qu’il n’y a pas de travail pour nous en Italie », raconte ce salarié. Dans tous les cas, leurs autres collègue sont bien déterminés à les soutenir durant « leur combat ». Depuis ce mardi 22 octobre, l’ensemble des ouvriers du dépôt bondouflois fait front à leur côté. « Nous resterons tant qu’aucune solution à cette affaire ne sera trouvée, car ils font partie du groupe », insiste cet employé.
Outre les collègues, le nouveau gérant du dépôt AT France de Bondoufle apporte aussi son soutien à ses salariés. « J’ai pris mon poste de gérant en septembre 2013, souligne Alexandre Onomo, et
je souhaite pouvoir conserver l’ensemble de ces personnes, car le
travail rendu est correct et de plus cela nous permettrait de garder la
majeure partie de nos contrats ». Bref, chacun à ses raisons de voir ces 35 employés rester dans l’entreprise.
Au final, la nouvelle direction et les employés espèrent organiser
une table ronde avec le Préfet, Bernard Schmeltz et la Direccte
(Directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la
consommation, du travail et de l’emploi) pour régler au plus vite cette
affaire. « Nous avions déjà su gérer une pareille crise en 2010 avec des salariés maliens, se souvient Jean-Louis Betoux. Nous avions réussi à avoir leur régularisation ».
Toutefois, rien n’est sûr concernant leur avenir. Ils sont d’ailleurs
expulsables selon la circulaire Valls, du fait qu’ils ne sont pas
présents en France depuis plus de trois ans et qu’ils ne possèdent pas
de contrat de travail. Les discussions ne font que commencer, mais la
situation devrait se décanter assez rapidement en débouchant soit sur
une régularisation soit sur une expulsion dans les règles. A l’inverse,
le président du groupe risque cinq ans de prison pour avoir employer des
salariés irrégulièrement.