Par ces notes, nous avons l’intention de contribuer à
la démystification parmi nous de ce nouvel « isme » qui se manifeste
bruyamment depuis mai 1968, et essayer de faire connaître ce monde si
lointain qui participe à l’universalité du système d’oppression et
d’exploitation inauguré un demi-siècle plus tôt en Russie sous le
drapeau du marxisme-léninisme.
L’attrait exercé par le maoïsme sur les esprits dans les régions à économie essentiellement agricole où les paysans pauvres constituent la majorité des exploités, et sur une fraction agissante de la jeunesse des pays fortement industrialisés, nous semble provenir de deux faits principaux. Issue victorieuse d’une guerre de paysans menée par Mao contre la bourgeoisie et ses seigneurs de guerre puissamment appuyés par les impérialismes ; attitude antiaméricaine du régime de Mao.
Pour les paysans pauvres embrigadés sous la bannière des partis nationalistes, la victoire de Mao semble ouvrir à leurs propres luttes une perspective de succès qui fait naître un espoir comparable à celui qui agita le monde ouvrier au lendemain de la prise du pouvoir par les bolcheviks en 1917. Pour la jeunesse occidentale animée d’un esprit de révolte contre l’écrasement des faibles par les forts, et prisonnière d’un monde capitaliste en crise permanente et sans mouvement ouvrier révolutionnaire. « Mao c’est le chemin, le long chemin de la victoire. » (« La cause du Peuple », 1-8-71).
Qu’en est-il dans les faits ? Après vingt ans de régime maoïste, le capitalisme d’État chinois, évolue vers l’impérialisme et tend à disputer des zones d’influence aux autres impérialistes. « Mais la Chine est une grande puissance pas comme les autres », nous disent les maos. Bien sûr, si les troupes chinoises ont occupé le Tibet, ce fut pour « libérer les Tibétains du féodalisme ». Et « l’internationalisme d’un type nouveau » (« La Cause du Peuple » dixit) de la Chine de Mao consiste à défendre les droits des Bengalis du Pakistan oriental à se faire massacrer par les armées de Karachi auxquelles elle apporta aide et soutien au nom de l’intégrité territoriale du Pakistan; en contrepartie, Mao trouve en le général Yahya un allié militaire contre l’Inde. La république populaire ne cède point le pas aux autres puissances dans la pénétration en Afrique. Avec le fruit de travail des ouvriers et paysans chinois, les bureaucrates de Pékin contribuent à consolider le pouvoir et les bases d’exploitation des bourgeoisies africaines en vue d’avoir leur alliance. Au « socialiste » Sékou Touré, n’ont-ils pas offert dix millions de dollars à titre d’aide contre la subversion au moment de « l’invasion portugaise » ?
Récemment, après la dispute sanglante pour le pouvoir entre colonels et généraux à Khartoum, où communistes et syndicalistes furent pendus par les vainqueurs, à peine les Russes étaient-ils évincés du Soudan, que les émissaires de Mao vinrent proposer les services de la Chine. Les maos locaux nous expliqueront que c’est pour la cause du peuple soudanais !
Nous ne perdons pas de vue la fourniture d’armes et de vivres de la Chine aux Vietnamiens, Laotiens, Cambodgiens, Philippins, Birmans… contre l’impérialisme américain : aux naxalites du Bengale contre le pouvoir de New Delhi… On nous dit que c’est pour la cause de ces peuples, pour leur « indépendance nationale ». Mais nous ne perdons pas non plus de vue que Mao est le disciple spirituel de Staline. On se souvient que Staline porta un toast à Hitler pour le partage de la Pologne, on l’a vu annexer l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie qui appartenaient autrefois aux tsars et réduire les pays d’Europe centrale en satellites du nouvel empire russe. Mao saura bien, sur les pas de son maître, utiliser tous les mouvements dits de libération au profit des manœuvres diplomatiques de la puissance chinoise. En 1936, Mao confia à Edgar Snow (Étoile rouge de la Chine) qu’il était pour l’indépendance de Formose contre l’impérialisme japonais. Maintenant Pékin parle de Formose comme d’une province de la Chine, d’un « territoire sacré » de la grande Chine, et Mme Sie Xue-hong, une communiste formosane clandestine, réfugiée à Pékin, n’a-t-elle pas été déportée au Turkestan oriental (Sinkiang) pour avoir osé rappeler à Mao le droit des Formosans de disposer d’eux-mêmes ? Ce seront bien les paysans pauvres de tous les maquis du monde qui paieront de leur peau la politique de puissance de la Chine maoïste. Ils sont dupés d’une part par les « libérateurs », leurs nouveaux maîtres et futurs exploiteurs, d’autre part par le sauveur suprême de la Chine.
L’attrait exercé par le maoïsme sur les esprits dans les régions à économie essentiellement agricole où les paysans pauvres constituent la majorité des exploités, et sur une fraction agissante de la jeunesse des pays fortement industrialisés, nous semble provenir de deux faits principaux. Issue victorieuse d’une guerre de paysans menée par Mao contre la bourgeoisie et ses seigneurs de guerre puissamment appuyés par les impérialismes ; attitude antiaméricaine du régime de Mao.
Pour les paysans pauvres embrigadés sous la bannière des partis nationalistes, la victoire de Mao semble ouvrir à leurs propres luttes une perspective de succès qui fait naître un espoir comparable à celui qui agita le monde ouvrier au lendemain de la prise du pouvoir par les bolcheviks en 1917. Pour la jeunesse occidentale animée d’un esprit de révolte contre l’écrasement des faibles par les forts, et prisonnière d’un monde capitaliste en crise permanente et sans mouvement ouvrier révolutionnaire. « Mao c’est le chemin, le long chemin de la victoire. » (« La cause du Peuple », 1-8-71).
Qu’en est-il dans les faits ? Après vingt ans de régime maoïste, le capitalisme d’État chinois, évolue vers l’impérialisme et tend à disputer des zones d’influence aux autres impérialistes. « Mais la Chine est une grande puissance pas comme les autres », nous disent les maos. Bien sûr, si les troupes chinoises ont occupé le Tibet, ce fut pour « libérer les Tibétains du féodalisme ». Et « l’internationalisme d’un type nouveau » (« La Cause du Peuple » dixit) de la Chine de Mao consiste à défendre les droits des Bengalis du Pakistan oriental à se faire massacrer par les armées de Karachi auxquelles elle apporta aide et soutien au nom de l’intégrité territoriale du Pakistan; en contrepartie, Mao trouve en le général Yahya un allié militaire contre l’Inde. La république populaire ne cède point le pas aux autres puissances dans la pénétration en Afrique. Avec le fruit de travail des ouvriers et paysans chinois, les bureaucrates de Pékin contribuent à consolider le pouvoir et les bases d’exploitation des bourgeoisies africaines en vue d’avoir leur alliance. Au « socialiste » Sékou Touré, n’ont-ils pas offert dix millions de dollars à titre d’aide contre la subversion au moment de « l’invasion portugaise » ?
Récemment, après la dispute sanglante pour le pouvoir entre colonels et généraux à Khartoum, où communistes et syndicalistes furent pendus par les vainqueurs, à peine les Russes étaient-ils évincés du Soudan, que les émissaires de Mao vinrent proposer les services de la Chine. Les maos locaux nous expliqueront que c’est pour la cause du peuple soudanais !
Nous ne perdons pas de vue la fourniture d’armes et de vivres de la Chine aux Vietnamiens, Laotiens, Cambodgiens, Philippins, Birmans… contre l’impérialisme américain : aux naxalites du Bengale contre le pouvoir de New Delhi… On nous dit que c’est pour la cause de ces peuples, pour leur « indépendance nationale ». Mais nous ne perdons pas non plus de vue que Mao est le disciple spirituel de Staline. On se souvient que Staline porta un toast à Hitler pour le partage de la Pologne, on l’a vu annexer l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie qui appartenaient autrefois aux tsars et réduire les pays d’Europe centrale en satellites du nouvel empire russe. Mao saura bien, sur les pas de son maître, utiliser tous les mouvements dits de libération au profit des manœuvres diplomatiques de la puissance chinoise. En 1936, Mao confia à Edgar Snow (Étoile rouge de la Chine) qu’il était pour l’indépendance de Formose contre l’impérialisme japonais. Maintenant Pékin parle de Formose comme d’une province de la Chine, d’un « territoire sacré » de la grande Chine, et Mme Sie Xue-hong, une communiste formosane clandestine, réfugiée à Pékin, n’a-t-elle pas été déportée au Turkestan oriental (Sinkiang) pour avoir osé rappeler à Mao le droit des Formosans de disposer d’eux-mêmes ? Ce seront bien les paysans pauvres de tous les maquis du monde qui paieront de leur peau la politique de puissance de la Chine maoïste. Ils sont dupés d’une part par les « libérateurs », leurs nouveaux maîtres et futurs exploiteurs, d’autre part par le sauveur suprême de la Chine.
Quels renseignements tirons-nous des « Citations du Président Mao Tsé-toung » ?
C’est sous ce titre qu’est rassemblé dans le petit
livre rouge un ensemble d’extraits des écrits de Mao entre 1926 et 1964,
qui furent édités à Pékin en 1966 par le « Commissariat politique
général de l’armée de libération » (l’édition française ne porte pas
cette mention). Ils sont présentés par Lin Piao, chef actuel de l’armée,
qui exhorte « les masses des ouvriers, paysans, soldats, cadres
révolutionnaires et intellectuels… à étudier les œuvres du président
Mao, suivre ses enseignements et agir selon ses directives » dont
l’essentiel se concentre dans ce catéchisme : « Est juste ce qui réussit, est faux ce qui échoue ».
La bureaucratie militaire qui préparait le vaste règlement de compte que fut la « révolution culturelle », d’autre part soupape de sûreté de la fermentation libertaire contre un parti bureaucratique écrasant, publiait cet opuscule à des millions d’exemplaires et répandait aussi les paroles d’un « chef militaire » (p. 102), d’un « maître qui instruit » (p. 301) et qui a réussi, donc qui est justifié par l’histoire : « En général, est juste ce qui réussit, est faux ce qui échoue » (p. 229).
La bureaucratie militaire qui préparait le vaste règlement de compte que fut la « révolution culturelle », d’autre part soupape de sûreté de la fermentation libertaire contre un parti bureaucratique écrasant, publiait cet opuscule à des millions d’exemplaires et répandait aussi les paroles d’un « chef militaire » (p. 102), d’un « maître qui instruit » (p. 301) et qui a réussi, donc qui est justifié par l’histoire : « En général, est juste ce qui réussit, est faux ce qui échoue » (p. 229).
Maoïsme et traditions confucianistes
La bureaucratie du capitalisme d’État, militaire et
maoïste, fait de ce petit livre rouge la base morale et politique
nécessaire à son autorité, tout comme les fonctionnaires-lettrés de
l’ancienne bureaucratie impériale trouvaient leur appui dans les textes
canoniques confucéens. Le confucianisme, expression de l’idéal moral et
politique féodal de la Chine antique, fut plus d’une fois révisé par la
bureaucratie impériale pour être adapté aux formes politiques du
pouvoir, mais ses préceptes de base – respect du pouvoir de l’empereur
et de ses mandarins, respect de la hiérarchie sociale et familiale, et
soumission volontaire de l’inférieur au supérieur, chacun accomplissant
les devoirs de sont état (le prince doit se conduire en prince, le sujet
en sujet, le père en père, le fils en fils) – ont toujours été utilisés
par les gouvernements et le demeurent encore en République populaire,
d’après le catéchisme rouge actuel : « soumission de l’individu à
l’organisation; soumission de la minorité à la majorité (ce qui se
traduit par la soumission de huit cents millions de paysans et
d’ouvriers à une dizaine de millions de cadres maoïstes); soumission de
l’échelon inférieur à l’échelon supérieur; soumission de l’ensemble du
parti au comité central » (p. 281). Le culte du chef génial couronne
tout cet édifice « populaire ».
Remarquons qu’à côté du confucianisme, on trouve invoqué dans le petit livre rouge l’autorité d’autres sages, Lao-tseu et Souen-tseu, de l’antiquité chinoise. On y trouve également des adages millénaires exprimant la morale idéale d’une société agraire, de sorte que dans ces textes émaillés des lieux communs du matérialisme historique et de la dialectique matérialiste, Marx-Engels-Lénine-Staline, se trouvent amalgamés à l’antique pensée chinoise. Avant son accès au pouvoir, Mao s’inspirait de l’École des Lois d’avant J.-C. – art de gouverner par les lois, les punitions et les récompenses, opposé à l’art de gouverner par la morale et les rites, professé par les confucianistes – dans la rédaction du programme du parti (11-6-1945), chapitre X, art. 63 : « Les membres du parti… qui se distinguent dans l’exécution du programme du parti ainsi que de la politique et des décisions du CC et des organes supérieurs… seront récompensés ».
En s’appuyant sur la pensée antique pour la cause d’un nouveau régime d’exploitation, Mao n’a fait que suivre les traces des anciens mandarins (qui, comme lui, croyaient souvent œuvrer pour un monde meilleur). Exactement comme lorsqu’il affirme que « en fin de compte, le régime socialiste se substituera au régime capitaliste, c’est une loi objective, indépendante de la volonté humaine » (p. 27); les mandarins croyaient eux aussi que le régime de leur époque – le régime impérial – était octroyé par le Ciel (t’ien-ming).
Remarquons qu’à côté du confucianisme, on trouve invoqué dans le petit livre rouge l’autorité d’autres sages, Lao-tseu et Souen-tseu, de l’antiquité chinoise. On y trouve également des adages millénaires exprimant la morale idéale d’une société agraire, de sorte que dans ces textes émaillés des lieux communs du matérialisme historique et de la dialectique matérialiste, Marx-Engels-Lénine-Staline, se trouvent amalgamés à l’antique pensée chinoise. Avant son accès au pouvoir, Mao s’inspirait de l’École des Lois d’avant J.-C. – art de gouverner par les lois, les punitions et les récompenses, opposé à l’art de gouverner par la morale et les rites, professé par les confucianistes – dans la rédaction du programme du parti (11-6-1945), chapitre X, art. 63 : « Les membres du parti… qui se distinguent dans l’exécution du programme du parti ainsi que de la politique et des décisions du CC et des organes supérieurs… seront récompensés ».
En s’appuyant sur la pensée antique pour la cause d’un nouveau régime d’exploitation, Mao n’a fait que suivre les traces des anciens mandarins (qui, comme lui, croyaient souvent œuvrer pour un monde meilleur). Exactement comme lorsqu’il affirme que « en fin de compte, le régime socialiste se substituera au régime capitaliste, c’est une loi objective, indépendante de la volonté humaine » (p. 27); les mandarins croyaient eux aussi que le régime de leur époque – le régime impérial – était octroyé par le Ciel (t’ien-ming).
Dictature du prolétariat chinois ou dictature sur le prolétariat et les paysans chinois ?
Nous considérons la victoire militaire de Mao comme
la victoire d’une guerre de paysans dans la tradition millénaire des
guerres de paysans de Chine, qui n’ont contribué jusqu’à présent à
d’autre « développement de l’histoire » (p. 11) qu’à la chute des
dynasties et la fondation de nouvelles; ce peuple de serfs n’a vu depuis
toujours que des changements de maîtres.
Avant Mao, trois chefs de paysans ont réussi : le premier, Lieou Pang, fondateur de la première dynastie des Han en 206 avant J.-C.; le second, Tchou Wen, fondateur de la dynastie des Leang en 907, et le troisième, Tchou Yuan-tchang, devenu empereur Ming en 1368. Mao, dans la conjoncture historique du déclin des vieux impérialismes, a pu vaincre la bourgeoisie, les seigneurs de guerre appuyés par les puissances, éliminer le compradorisme1 qu’il appelle capitalisme bureaucratique (p. 16), le régime de la propriété foncière, qu’il nomme féodalisme (p. 16) et la classe des propriétaires fonciers; il déclare que son État est fondé sur la dictature du prolétariat (p. 32) qui se propose de réaliser l’industrialisation de la Chine et de moderniser son agriculture (p. 2); que le prolétariat industriel est la force dirigeante de sa révolution (p. 15).
Qu’en est-il dans la réalité ? Cet « État populaire qui protège le peuple » (p. 275) avec sa police, son armée, et ses cadres hiérarchisés à l’image du mandarinat de l’ancienne Chine, est un appareil de coercition et de répression entre les mains de la nouvelle classe exploiteuse2, la bureaucratie du capitalisme d’État contre les paysans et les ouvriers qui ne constituent encore qu’une infime partie de la population et n’ont d’autre rôle que de produire pour réaliser les plans de l’État. Cet État paternaliste extrait du labeur des ouvriers et de l’immense masse des paysans la richesse nécessaire à l’accumulation capitaliste.
L’État ne peut être le prolétariat; le prolétariat ne verra la fin de son esclavage qu’avec la mort de l’État. Si la tâche actuelle « est de renforcer l’appareil du peuple, principalement l’armée populaire et la justice populaire » dont les membres ne travaillent qu’occasionnellement à l’usine et aux champs, « la dictature démocratique populaire dirigée par la classe ouvrière (p. 42 s.) désigne exactement la dictature de quelques millions de bureaucrates, policiers et militaires, du parti et de l’administration sur six à huit cent millions d’hommes et de femmes à l’égard desquels il leur est recommandé d’employer la persuasion.
Cependant, afin de pouvoir exercer une activité productrice efficace, étudier avec succès et vivre dans des conditions où règne l’ordre, le peuple exige de son gouvernement, des dirigeants de la production et des dirigeants des institutions culturelles et éducatives qu’ils émettent des ordres administratifs appropriés ayant un caractère de contrainte. Le bon sens indique que sans ces derniers, il serait impossible de maintenir l’ordre dans la société (p. 59, souligné par nous : on retrouve ici dans toute sa pureté l’esprit de l’École des Lois évoquée plus haut).
Avant Mao, trois chefs de paysans ont réussi : le premier, Lieou Pang, fondateur de la première dynastie des Han en 206 avant J.-C.; le second, Tchou Wen, fondateur de la dynastie des Leang en 907, et le troisième, Tchou Yuan-tchang, devenu empereur Ming en 1368. Mao, dans la conjoncture historique du déclin des vieux impérialismes, a pu vaincre la bourgeoisie, les seigneurs de guerre appuyés par les puissances, éliminer le compradorisme1 qu’il appelle capitalisme bureaucratique (p. 16), le régime de la propriété foncière, qu’il nomme féodalisme (p. 16) et la classe des propriétaires fonciers; il déclare que son État est fondé sur la dictature du prolétariat (p. 32) qui se propose de réaliser l’industrialisation de la Chine et de moderniser son agriculture (p. 2); que le prolétariat industriel est la force dirigeante de sa révolution (p. 15).
Qu’en est-il dans la réalité ? Cet « État populaire qui protège le peuple » (p. 275) avec sa police, son armée, et ses cadres hiérarchisés à l’image du mandarinat de l’ancienne Chine, est un appareil de coercition et de répression entre les mains de la nouvelle classe exploiteuse2, la bureaucratie du capitalisme d’État contre les paysans et les ouvriers qui ne constituent encore qu’une infime partie de la population et n’ont d’autre rôle que de produire pour réaliser les plans de l’État. Cet État paternaliste extrait du labeur des ouvriers et de l’immense masse des paysans la richesse nécessaire à l’accumulation capitaliste.
L’État ne peut être le prolétariat; le prolétariat ne verra la fin de son esclavage qu’avec la mort de l’État. Si la tâche actuelle « est de renforcer l’appareil du peuple, principalement l’armée populaire et la justice populaire » dont les membres ne travaillent qu’occasionnellement à l’usine et aux champs, « la dictature démocratique populaire dirigée par la classe ouvrière (p. 42 s.) désigne exactement la dictature de quelques millions de bureaucrates, policiers et militaires, du parti et de l’administration sur six à huit cent millions d’hommes et de femmes à l’égard desquels il leur est recommandé d’employer la persuasion.
Cependant, afin de pouvoir exercer une activité productrice efficace, étudier avec succès et vivre dans des conditions où règne l’ordre, le peuple exige de son gouvernement, des dirigeants de la production et des dirigeants des institutions culturelles et éducatives qu’ils émettent des ordres administratifs appropriés ayant un caractère de contrainte. Le bon sens indique que sans ces derniers, il serait impossible de maintenir l’ordre dans la société (p. 59, souligné par nous : on retrouve ici dans toute sa pureté l’esprit de l’École des Lois évoquée plus haut).
Mystique de la nouvelle Bible
Tous les lieux communs du marxisme-léninisme
contenus dans ce petit livre enrobent le fait fondamental d’une société
d’exploitation et d’oppression de même que la doctrine de Confucius
pleine de préceptes moraux excellents évoquait le Ciel pour enrober
l’esclavage féodal sans limite des paysans. On peut dire que le petit
livre rouge est un traité de morale et de sagesse si l’on entend par
sagesse l’adaptation la plus réussie à la société bureaucratique issue
de la victoire d’une guerre de paysans et qui nourrit l’illusion d’une
société égalitaire et libre pour un avenir lointain en prêchant le
sacrifice hiérarchisé et la sujétion dans le présent.
Les deux grands mouvements insurrectionnels paysans du IIe siècle, celui des Turbans Jaunes et celui des Cinq Boisseaux de riz des Maîtres célestes à la fin des Seconds Han (25-220), comme tous les autres d’ailleurs, ne manquaient pas non plus d’une mystique sociale. Ils eurent leur bible où s’exprimait le rêve de la fin de la souffrance paysanne. Pour les Turbans Jaunes, ce fut le T’ai-ping king, Livre sacré de la Grande Paix; pour les Cinq Boisseaux, ce fut le Tao-te king, Livre sacré de la Voie et de la Vertu, qui se sont conservés jusqu’à nos jours. Pour les Chinois d’aujourd’hui c’est le petit livre rouge. Tout ce qu’il professe est raisonnable et sage selon les critères de l’ordre social et politique de la Chine paysanne en voie d’industrialisation qui possède beaucoup d’hommes et peu de machines. Et il constitue en quelque sorte un talisman qui protège son possesseur contre tout soupçon d’hérésie.
Les deux grands mouvements insurrectionnels paysans du IIe siècle, celui des Turbans Jaunes et celui des Cinq Boisseaux de riz des Maîtres célestes à la fin des Seconds Han (25-220), comme tous les autres d’ailleurs, ne manquaient pas non plus d’une mystique sociale. Ils eurent leur bible où s’exprimait le rêve de la fin de la souffrance paysanne. Pour les Turbans Jaunes, ce fut le T’ai-ping king, Livre sacré de la Grande Paix; pour les Cinq Boisseaux, ce fut le Tao-te king, Livre sacré de la Voie et de la Vertu, qui se sont conservés jusqu’à nos jours. Pour les Chinois d’aujourd’hui c’est le petit livre rouge. Tout ce qu’il professe est raisonnable et sage selon les critères de l’ordre social et politique de la Chine paysanne en voie d’industrialisation qui possède beaucoup d’hommes et peu de machines. Et il constitue en quelque sorte un talisman qui protège son possesseur contre tout soupçon d’hérésie.
« Il n’est possible de transformer le monde qu’avec le fusil »
Nous vivons encore dans un monde où l’impérialisme
alimente le nationalisme des pays pauvres. Que le maoïsme se présente
aux nationalistes de ces pays comme un espoir n’a rien d’étonnant,
puisque sa victoire en Chine a été éclatante et qu’il proclame à tous
que « le pouvoir est au bout du fusil » (p. 70); puisqu’il promet « un
soutien actif aux mouvements d’indépendance et de libération nationale
des pays d’Asie, d’Afrique, et d’Amérique Latine » (p. 75); mais,
remarquons-le en passant, il voit en l’impérialisme russe et son empire
un « camp socialiste de neuf cents millions d’âmes » (p. 77), et lorsque
les chars russes firent noyer dans le sang ouvrier l’insurrection de
Budapest en 1956, il a appuyé l’argumentation russe et n’a pas condamné
la criminelle intervention (p. 65).
Comment se fait-il que le petit livre rouge chinois n’est pas devenu le viatique des milieux ouvriers révolutionnaires des pays industrialisés, comme le furent les écrits des bolcheviks après la révolution russe de 1917 ? Le léninisme dont la continuité est représentée par le trotskisme d’une part et le stalinisme de l’autre marxisme russe qui a étranglé les initiatives révolutionnaires des soviets ouvriers russes après sa constitution en État, a perdu beaucoup de son emprise sur l’esprit des ouvriers révolutionnaires des démocraties occidentales (il faut reconnaître que depuis lors le nombre d’ouvriers révolutionnaires a fortement décru sous le coup de la désillusion). Lénine concevait la prise du pouvoir dans une insurrection armée du prolétariat révolutionnaire des villes et pensait en théorie que la démocratie ouvrière se réaliserait à travers les soviets (voir l’État et la Révolution). Tandis que le maoïsme, c’est du stalinisme à la chinoise, un « marxisme-léninisme » paysan qui, en plus de son verbiage dialectique, se distingue par son affirmation militaire : le pouvoir est au bout du fusil »; « c’est à travers les guerres révolutionnaires… que notre parti s’est développé, consolidé et bolchévisé, et sans lutte armée, il n’y aurait pas eu le parti communiste d’aujourd’hui » (p. 71). Nous nous demandons comment le prolétariat des villes et des champs aurait pu accéder au pouvoir (p. 32) par le moyen d’une armée paysanne. De plus, le maoïsme « enrichit » le marxisme : « du point de vue de la doctrine marxiste sur l’État, l’armée est la partie constitutive principale du pouvoir d’État. Celui qui veut s’emparer du pouvoir d’État et le conserver doit posséder une forte armée… en ce sens on peut dire qu’il n’est possible de transformer le monde qu’avec le fusil » (p. 71-72).
Ceci est logique dans la transformation du monde paysan chinois en monde industriel du capitalisme d’État, dans la mutation du servage en salariat. Mais pour la transformation du monde actuel en une société humaine sans exploitation ni oppression, c’est la conscience de l’homme qui sera le facteur déterminant, même si la violence est inévitable dans le processus du bouleversement révolutionnaire. Bien entendu, la conscience de la vraie libération de l’homme ne s’affirme que dans l’action créatrice, mais jamais dans l’action militaire dans le sens actuel du terme.
Les jeunes des pays industriels qui se groupent derrière l’étiquette maoïste croient trouver le pouvoir au bout du fusil dans la guérilla urbaine, supposons qu’ils arrivent à leurs fins, que vont-ils instituer comme pouvoir au bout de leurs fusils ? Peut-être une dictature à la Mao ? Et dans leur État marxiste-léniniste, chaque citoyen aura en main un nouveau petit livre rouge.
Dans les pays qui constituent ce qu’on appelle le tiers-monde, les partis (embryons d’État) qui reçoivent l’impulsion du maoïsme et sont militairement aidés par la Chine, tendent à établir des régimes sous lesquels les ouvriers et les paysans connaîtront le même sort que leurs frères de Chine : soumission aux ordres des cadres, exécution des plans établis par la bureaucratie étatique et image du socialisme futur annoncé par le prophète.
Comment se fait-il que le petit livre rouge chinois n’est pas devenu le viatique des milieux ouvriers révolutionnaires des pays industrialisés, comme le furent les écrits des bolcheviks après la révolution russe de 1917 ? Le léninisme dont la continuité est représentée par le trotskisme d’une part et le stalinisme de l’autre marxisme russe qui a étranglé les initiatives révolutionnaires des soviets ouvriers russes après sa constitution en État, a perdu beaucoup de son emprise sur l’esprit des ouvriers révolutionnaires des démocraties occidentales (il faut reconnaître que depuis lors le nombre d’ouvriers révolutionnaires a fortement décru sous le coup de la désillusion). Lénine concevait la prise du pouvoir dans une insurrection armée du prolétariat révolutionnaire des villes et pensait en théorie que la démocratie ouvrière se réaliserait à travers les soviets (voir l’État et la Révolution). Tandis que le maoïsme, c’est du stalinisme à la chinoise, un « marxisme-léninisme » paysan qui, en plus de son verbiage dialectique, se distingue par son affirmation militaire : le pouvoir est au bout du fusil »; « c’est à travers les guerres révolutionnaires… que notre parti s’est développé, consolidé et bolchévisé, et sans lutte armée, il n’y aurait pas eu le parti communiste d’aujourd’hui » (p. 71). Nous nous demandons comment le prolétariat des villes et des champs aurait pu accéder au pouvoir (p. 32) par le moyen d’une armée paysanne. De plus, le maoïsme « enrichit » le marxisme : « du point de vue de la doctrine marxiste sur l’État, l’armée est la partie constitutive principale du pouvoir d’État. Celui qui veut s’emparer du pouvoir d’État et le conserver doit posséder une forte armée… en ce sens on peut dire qu’il n’est possible de transformer le monde qu’avec le fusil » (p. 71-72).
Ceci est logique dans la transformation du monde paysan chinois en monde industriel du capitalisme d’État, dans la mutation du servage en salariat. Mais pour la transformation du monde actuel en une société humaine sans exploitation ni oppression, c’est la conscience de l’homme qui sera le facteur déterminant, même si la violence est inévitable dans le processus du bouleversement révolutionnaire. Bien entendu, la conscience de la vraie libération de l’homme ne s’affirme que dans l’action créatrice, mais jamais dans l’action militaire dans le sens actuel du terme.
Les jeunes des pays industriels qui se groupent derrière l’étiquette maoïste croient trouver le pouvoir au bout du fusil dans la guérilla urbaine, supposons qu’ils arrivent à leurs fins, que vont-ils instituer comme pouvoir au bout de leurs fusils ? Peut-être une dictature à la Mao ? Et dans leur État marxiste-léniniste, chaque citoyen aura en main un nouveau petit livre rouge.
Dans les pays qui constituent ce qu’on appelle le tiers-monde, les partis (embryons d’État) qui reçoivent l’impulsion du maoïsme et sont militairement aidés par la Chine, tendent à établir des régimes sous lesquels les ouvriers et les paysans connaîtront le même sort que leurs frères de Chine : soumission aux ordres des cadres, exécution des plans établis par la bureaucratie étatique et image du socialisme futur annoncé par le prophète.
Aspect léniniste du maoïsme : rôle absolu du parti communiste dans la transformation sociale
Dans une première série de 33 rubriques du petit
livre rouge, Mao affirme la nécessité d’un parti armé de la théorie
marxiste-léniniste, destiné à réaliser l’industrialisation, moderniser
l’agriculture, et conduire le pays vers le communisme; « si nous avons
le moindre doute à cet égard, nous serons incapables d’accomplir quoi
que ce soit » (p. 4). À l’étape actuelle, qui est la période de
l’édification socialiste, toutes les classes et couches sociales, tous
les groupes sociaux qui approuvent et soutiennent cette édification et y
participent forment le peuple » (p. 52). Entre ces classes, couches et
groupes peuvent surgir des contradictions, mais des contradictions non
antagonistes, qui seront facilement résolues si on considère comme bon
et juste ce qui favorise le renforcement de la « direction du parti
communiste » (p. 55). Cette conception totalitaire implique la nécessité
d’une répression idéologique et physique à l’égard de toute pensée et
action autonome des ouvriers et des paysans.
Maoïsme, art militaire et édification économique
Dans une seconde série, plus extensive, consacrée aux questions
militaires, est résumée l’expérience de la longue guerre paysanne
conduite par Mao. C’est cet enseignement qui intéresse le plus les
états-majors de tous les maquis du tiers-monde. Mao insiste sur les
méthodes appliquées par l’Armée de libération, sur sa stratégie et sa
tactique « qu’aucune armée opposée au peuple ne peut utiliser ». Des
principes militaires précis y sont exposés ainsi que des principes
politiques à appliquer par l’armée populaire (p. 107-110).
Ce genre de « guerre révolutionnaire » où l’homme est insuffisamment soutenu par l’armement demande que soient déifiés les « héros du combat », de même que l’état encore rudimentaire de l’industrie et le caractère encore primitif de l’agriculture demandent que les « travailleurs modèles » soient portés au pinacle : « vous êtes des modèles pour la nation chinoise tout entière, l’élite qui fait progresser victorieusement la cause du peuple…, un sûr soutien du gouvernement populaire et un pont qui le relie aux larges masses » (p. 203). Pour renforcer la conviction des possibilités immenses qui s’ouvrent devant les pays pauvres, Mao évoque une fable antique intitulée Comment Yu-kong déplaça les montagnes. Comme un vieillard plaisantait Yu-kong de cette entreprise insensée, le nonagénaire répondit : « quand je mourrai, il y aura mes fils : quand ils mourront à leur tour, il y aura les petits-enfants, ainsi les générations se succéderont sans fin. Si hautes que soient ces montagnes, elles ne pourront plus grandir; à chaque coup de pioche, elles diminueront d’autant; pourquoi ne parviendrions-nous pas à l’aplanir ? » (p. 222).
Outre l’accent constamment mis sur la nécessité du travail de géant réclamé des couches productrices, de nombreuses banalités émaillent les pages du petit livre rouge consacrées à l’économie : pas de gaspillage, pas de prodigalité, pas de ripailles et beuveries (p. 207-208), lutte contre la corruption, la tendance au profit personnel (p. 209), renforcement de l’amour du travail dans l’armée et amélioration des relations entre l’armée et le peuple, l’armée ne portant plus atteinte aux biens du peuple (p. 210), efforts pour surmonter progressivement les difficultés, pas de pessimisme, d’orgueil et de présomption, etc.
Pour terminer cette litanie, nous relevons les conseils aux cadres qui « ne doivent pas, à l’instar de Krouchtchev, se prévaloir d’un pouvoir autocratique, attaquer les camarades par surprise, agir en dictateur » (p. 310). Le lecteur qui ignore que Mao est stalinien orthodoxe est surpris qu’une attaque de cette sorte soit lancée contre celui qui a osé renverser du pinacle officiel feu Staline, qui avait été le nouveau tsar de toutes les Russies. L’autorité de Staline est d’ailleurs évoquée à plusieurs reprises dans ses inspirations les plus banales (p. 255-257-259-318).
Aux jeunes sur lesquels il s’est appuyé en 1968 pour se débarrasser de son ancien camarade Lieou Chao-chi (p. 268) et orienter l’industrie vers la production de guerre, il demande de « coordonner leurs activités avec la tâche centrale du parti » (p. 324).
Aux femmes il propose de sortir des anciens carcans politique, clanal, religieux et marital pour « participer en masse aux activités productrices (p. 329). Il faut que toute la main-d’œuvre féminine prenne sa place sur le front du travail ».
Mao et ses suppôts militaires ne négligent pas non plus de penser à l’utilisation de l’art et de la culture pour l’édification et le développement du capitalisme d’État baptisé socialisme. Et si Mao est contre « la tendance à produire des œuvres aux styles de slogans et d’affiches, où les vues politiques sont justes, mais qui manquent de force d’expression artistique », et ainsi « restent inefficaces » il exige cependant « l’unité de la politique et de l’art » (p. 335), en somme un art de propagande qui masque l’étouffement de l’esprit dans un régime de conformisme militaro-policier.
Ngo Van
Ce genre de « guerre révolutionnaire » où l’homme est insuffisamment soutenu par l’armement demande que soient déifiés les « héros du combat », de même que l’état encore rudimentaire de l’industrie et le caractère encore primitif de l’agriculture demandent que les « travailleurs modèles » soient portés au pinacle : « vous êtes des modèles pour la nation chinoise tout entière, l’élite qui fait progresser victorieusement la cause du peuple…, un sûr soutien du gouvernement populaire et un pont qui le relie aux larges masses » (p. 203). Pour renforcer la conviction des possibilités immenses qui s’ouvrent devant les pays pauvres, Mao évoque une fable antique intitulée Comment Yu-kong déplaça les montagnes. Comme un vieillard plaisantait Yu-kong de cette entreprise insensée, le nonagénaire répondit : « quand je mourrai, il y aura mes fils : quand ils mourront à leur tour, il y aura les petits-enfants, ainsi les générations se succéderont sans fin. Si hautes que soient ces montagnes, elles ne pourront plus grandir; à chaque coup de pioche, elles diminueront d’autant; pourquoi ne parviendrions-nous pas à l’aplanir ? » (p. 222).
Outre l’accent constamment mis sur la nécessité du travail de géant réclamé des couches productrices, de nombreuses banalités émaillent les pages du petit livre rouge consacrées à l’économie : pas de gaspillage, pas de prodigalité, pas de ripailles et beuveries (p. 207-208), lutte contre la corruption, la tendance au profit personnel (p. 209), renforcement de l’amour du travail dans l’armée et amélioration des relations entre l’armée et le peuple, l’armée ne portant plus atteinte aux biens du peuple (p. 210), efforts pour surmonter progressivement les difficultés, pas de pessimisme, d’orgueil et de présomption, etc.
Pour terminer cette litanie, nous relevons les conseils aux cadres qui « ne doivent pas, à l’instar de Krouchtchev, se prévaloir d’un pouvoir autocratique, attaquer les camarades par surprise, agir en dictateur » (p. 310). Le lecteur qui ignore que Mao est stalinien orthodoxe est surpris qu’une attaque de cette sorte soit lancée contre celui qui a osé renverser du pinacle officiel feu Staline, qui avait été le nouveau tsar de toutes les Russies. L’autorité de Staline est d’ailleurs évoquée à plusieurs reprises dans ses inspirations les plus banales (p. 255-257-259-318).
Aux jeunes sur lesquels il s’est appuyé en 1968 pour se débarrasser de son ancien camarade Lieou Chao-chi (p. 268) et orienter l’industrie vers la production de guerre, il demande de « coordonner leurs activités avec la tâche centrale du parti » (p. 324).
Aux femmes il propose de sortir des anciens carcans politique, clanal, religieux et marital pour « participer en masse aux activités productrices (p. 329). Il faut que toute la main-d’œuvre féminine prenne sa place sur le front du travail ».
Mao et ses suppôts militaires ne négligent pas non plus de penser à l’utilisation de l’art et de la culture pour l’édification et le développement du capitalisme d’État baptisé socialisme. Et si Mao est contre « la tendance à produire des œuvres aux styles de slogans et d’affiches, où les vues politiques sont justes, mais qui manquent de force d’expression artistique », et ainsi « restent inefficaces » il exige cependant « l’unité de la politique et de l’art » (p. 335), en somme un art de propagande qui masque l’étouffement de l’esprit dans un régime de conformisme militaro-policier.
Ngo Van
Notes
[1] La bourgeoisie chinoise dans sa majorité, dans ses activités économiques, agissait en intermédiaires au service du capital financier étranger; ainsi elle se faisait l’agent des impérialismes occidentaux dans l’exploitation des ouvriers et paysans de Chine.
[2] La bureaucratie constitue le propriétaire collectif du capital étatique dont elle tire profit sous forme de salaires et privilèges, en s’octroyant le droit de commande et de décision dans la production, la répartition et la consommation des produits.
[1] La bourgeoisie chinoise dans sa majorité, dans ses activités économiques, agissait en intermédiaires au service du capital financier étranger; ainsi elle se faisait l’agent des impérialismes occidentaux dans l’exploitation des ouvriers et paysans de Chine.
[2] La bureaucratie constitue le propriétaire collectif du capital étatique dont elle tire profit sous forme de salaires et privilèges, en s’octroyant le droit de commande et de décision dans la production, la répartition et la consommation des produits.