samedi 3 septembre 2016

Colonia : fascisme et démocratie

Rarement le cinéma offre l'occasion d'une critique du monde moderne. Colonia est de cette trempe. On ne va pas s'étendre ici sur la trame narrative du film ni sa qualité cinématographique artistique. Colonia c'est avant tout une pièce de puzzle, un gigantesque puzzle que les révolutionnaires ont la lourde tâche de constituer pour démontrer les leurres du monde capitaliste, et démonter les mythes intrinsèques à la mise en spectacle des fausses dualités de celui-ci. Un de ces mythes est la fausse opposition démocratie/fascisme.

Derrière la dictature chilienne, les démocraties occidentales
A travers l'histoire de Colonia nous nous interrogeons d'une part sur un aspect occulté du film : l'engagement politique nazi de Paul Shaffer, le gourou de la secte Colonia Dignidad. La Colonie, perdue dans la campagne chilienne, camp de concentration et de torture créé à l'instigation d'un ancien nazi perpétuant le sadisme inhérent aux personnalités capables d'un tel engagement politique. Nous sommes dans les années soixante-dix pendant la dictature de Pinochet. Sadisme, fascisme, dictature. Rien d'étonnant. Pourquoi reprocher alors aux autorités chiliennes d'avoir fermer les yeux sur ce camp de sévices, de tortures et d'exploitation ? Les articles et documentaires sur le sujet s'étalant sur le sujet de s'étonner qu'une dictature puisse jouer son rôle de dictature concentrationnaire. Le scandale et-il vraiment là ?
La perpétuation des crimes du camp Colonia c'est avant tout l'histoire des démocraties bourgeoises occidentales, celles que l'on nous presse de protéger, à coup de bulletins électoraux, de ses tendances fascistes.

Comment le fascisme est encastré dans la démocratie bourgeoise
La CIA à l'origine du coup d'Etat fasciste au Chili connaissait parfaitement ce camp nazi de prisonniers et de civils, tout comme cette agence connaissait et utilisait à travers l'Amérique latine les réseaux d'exilés nazis. L'histoire de Colonia c'est avant tout l'histoire de l'implication des démocraties dans ce système concentrationnaire : les Etats-Unis bien sûr, mais également les autorités de la démocratique République fédérale d'Allemagne (RFA) qui ont collaboré à ce système concentrationnaire en sachant exactement ce qu'il se passait à l'intérieur du camp. Le film le montre superbement : aucune confiance ne peut être faite aux autorités démocratiques. Une poignée de démocraties bourgeoises a ainsi créé à travers le monde un vaste système de dictatures capitalistes et de génocides coloniaux. Le fascisme est encastré dans la démocratie, que les organisations politiques qui les représentent chacun soit capable de s'affronter mortellement n'empêche pas cette réalité.

Le seul antifascisme radical est la révolution anticapitaliste
Colonia c'est donc avant tout l'histoire d'un piège comme le remarquent les spectateurs du film à sa fin. Et le piège c'est de croire que la "chance" de vivre en démocratie comme disent certains ne se paie pas ailleurs, quand "sa" démocratie défend un système dictatorial, concentrationnaire voire génocidaire (Rwanda). Et cette tendance vers le fascisme de la démocratie bourgeoise s'illustre superbement en ce moment à travers les chasses à l'homme-réfugié dans les rues de Paris. Des Corps-Francs fascisants engagés par la social-démocratie allemande contre les spartakistes à l'autoritarisme rose sous état d'urgence en passant par l'Opération Condor orchestré par la CIA etc etc, défendre une démocratie bourgeoise ici c'est avant tout construire un régime concentrationnaire ailleurs. Il ne s'offre plus qu'un seul choix pour l'émancipation humaine, celui de mener une révolution mondiale contre le capitalisme et ses tendances, démocratiques ou dictatoriales, de marché ou d'Etat.