dimanche 18 mai 2014

L'hiver de la colère en chemise brune : une réaction contre la question ouvrière

La bourgeoisie anti-fiscale défend ses intérêts
L'hiver 2013-2014 a été le point culminant d'une offensive réactionnaire et fascisante, expression d'un paradoxe politique : la bienveillance des autorités pour développer cette fausse opposition (l'illusionnisme "anti-système"), s'en nourrir et les affronter à la fois, a démontré encore une fois que le fascisme n'est pas une opposition au capitalisme mais une tendance au sein de celui-ci, se développant en contradiction avec les autres tendances politiques publicitaires du capital. L'antifascisme social et radical se trouve alors confronté à deux phénomènes politiques. D'une part les groupements "anti-antifascistes" d'une partie de l'extrême gauche (léninoïdes ou anarchéologiques) incapable d'analyser la nouvelle dynamique inédite de l'extrême droite nationaliste à la périphérie ou au sein de notre classe sociale, d'autre part l'antifascisme électoral qui doit alimenter l'épouvantail fascisant à des fins purement électoralistes. Entre les apprentis sorciers de la stratégie politicienne et les analyses dogmatiques des "révolutionnaires professionnels", des voix radicales se sont exprimées, d'origines très diverses, face au cirque confusionniste dominant, orchestré par une stratégie moderniste des dernières tendances de l'extrême droite nationaliste. C'est dans ce contexte que s'inscrivent le mouvement poujado-patronal des bonnets rouges (que nous avions déjà dénoncé en rédigeant le texte Autonomie ouvrière ou confusion régionaliste ?) et l'organisation du Jour de Colère néofasciste (dont la nature inédite n'a pas encore été analysée en profondeur). Le premier texte que nous présentons a été publié par le groupe La Horde dont l'angle d'attaque social et radical du phénomène "bonnets rouges" est très pertinent. Le second texte a été rédigé par le Groupe d'action pour la recomposition de l'autonomie prolétarienne (GARAP) afin de dénoncer le caractère confusionniste du "Jour de colère" au service de la bourgeoisie et du capitalisme. Car en définitive, ces deux mouvements -"bonnets rouges" et "Jour de colère"- sont reliés par la même stratégie : faire disparaître la question ouvrière en organisant un exutoire censé canaliser la colère sociale en dehors de la dynamique des luttes de classes.
Les petits larbins de la réaction bourgeoise anti-fiscale


Bonnet rouge et chemise brune : habillé pour l'hiver


Bien qu’il s’en défende, le mouvement de contestation dit des « bonnets rouges », qui est apparu il y a un peu plus d’un mois en Bretagne, a tout pour plaire à l’extrême droite : d’abord par son origine antifiscale (contre l’écotaxe poids-lourds), ensuite par sa dimension interclassiste (patrons et ouvriers main dans la main), enfin par sa coloration identitaire bretonne et son discours protectionniste. Si, contrairement à la mobilisation contre le mariage homosexuel, il n’est pas directement initié par des organisations de$ droite, il n’a pas vu venir la récupération par l’extrême droite, et pour cause : réactionnaire et poujadiste, il contient dans ses revendications tous les ingrédients pour qu’elle se sente à l’aise en son sein.

C’est le Front national qui a le premier senti la bonne affaire. Dès le lendemain de la manifestation à Pont-de-Buis, le 26 octobre, Marine Le Pen lançait le premier pavé dans la mare sur Twitter, avec un visuel dénonçant « l’injustice fiscale » et l’inévitable bonnet rouge. Quelques jours plus tard, à la manif de Quimper, on retrouve le même visuel sur des pancartes… Plus anecdotique, Jean-Marie Le Pen, un « enfant du pays », s’affuble lui aussi d’un bonnet rouge lors de son émission vidéo hebdomadaire du 8 novembre, et apporte son soutien à ce mouvement qu’il qualifie de « révolte populaire ».

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"Jour de colère" : carnaval réactionnaire


Ils ont décrété le 26 janvier 2014 « Jour de colère » et c’est comme s’ils avaient aboyé « Mets ta muselière ! », « Crève en silence ! » ou encore « Réclame qu’on t’achève ! ». Sous des apparences trompeuses, Ils défileront pour vanter ta passivité, ils scanderont à ta pacification, ils prieront pour la destruction de tes droits, l’effondrement de ton salaire, la fin des grèves, ta soumission définitive à ton manager, ta réclusion dans une mentalité identitaire, religieuse, conspirationniste.

 « Ils », ce sont des spécialistes historiques de la falsification du réel, qui font dire aux mots le contraire de ce qu’ils signifient, qui tentent de profiter de tes frustrations, de tes peurs, de ta colère, de ta difficulté à comprendre et à combattre le capitalisme, pour amener ta révolte à se retourner contre toi-même.
« Ils », ce sont ces bouffons arrogants qui composent l’extrême-droite. Ils démarchent pour le Front National, s’agitent au Bloc Identitaire, se flagellent à Civitas, commercent à Egalité et Réconciliation, s’emballent pour M’bala M’bala… 

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